Comme un chat dans un jeu de quilles

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Cédric Mayen : Grâce à Lucy Mazel. Nous étions en festival pour une dédicace de notre album commun, Edelweiss. Lucy m'avait encouragé à aller voir les aquarelles trop mignonnes d'un certain Madd. Je l'avais vu réaliser une tache d'encre bleue, sur laquelle il avait composé un chat d'une mignonnerie incroyable en la retravaillant avec des traits blancs. J'ai surveillé son Instragam, après ça. Pour ceux que ça intéresse, le fameux chat composé dans une tache d'encre s'y trouve toujours ! Et un jour je lui ai envoyé le scénario de tout le tome 1 de Poltron Minet.

Quelle est ta formation de dessinateur, Madd ?

Madd : Enfant, je regardais beaucoup de dessins animés Disney et rêvais de travailler dans l'animation. J'adorais décortiquer les images clés d'Aladdin, par exemple. Comme il n'y avait pas de formation au dessin dans la ville de l'Yonne où j'habitais, j'ai appris le dessin en autodidacte. Après le bac, comme je ne savais pas quoi faire, je me suis dirigé vers des études de Droit, avant de songer à devenir VRP. J'étais perdu, quoi ! Une étudiante en Arts appliqués rencontrée à cette époque m'a heureusement convaincu de tenter l'aventure du dessin. Alors je suis allé à Paris, où je me suis inscrit en fac d'arts plastiques. C'était essentiellement des cours théoriques, on n'y dessinait pas vraiment, mais moi qui n'avais aucun bagage culturel en matière d'art, je me suis passionné pour tout ce qu'on m'y a enseigné.

Quelle est ta technique de travail ?

Madd : Je réalise un story-board en numérique, afin de pouvoir plus facilement dialoguer avec Cédric et notre éditeur chez Dupuis, Benoît Fripiat. Quand mon story-board est validé, je fais mon crayonné sur papier. Il y a généralement peu de corrections, car ce story-board très poussé me permet de limiter les erreurs, et donc de ne pas avoir à trop gommer mon papier à aquarelle, qui est assez coûteux. Avant de démarrer le dessin, je plonge toujours ma feuille dans l'eau pendant 30 secondes. Ça permet aux cellules de papier de se dilater. Je la colle ensuite sur une planche avant qu'elle ne sèche. Ça évite que la feuille ne gondole sous l'aquarelle !

Pourquoi le choix d'une technique aussi exigeante que l'aquarelle ?

Madd : J'aime l'aspect chaotique de l'aquarelle. Je fais partie de ces auteurs à qui il manque peut-être un peu de spontanéité dans le dessin. J'ai envie que tout soit parfait. L'aquarelle compense mon aspect perfectionniste, car on ne peut pas revenir en arrière. J'aime aussi le hasard qu'elle véhicule. Une tache d'aquarelle ne séchera pas toujours de la manière qu'on imagine. Ça crée des perspectives de dessin très ludiques !