« La reine du balai » : des histoires à la pelle

Tu travailles énormément dans l'animation. Passer d'un projet à l'autre n'est -il pas graphiquement déstabilisant ?

Mon graphisme change effectivement tout le temps, selon que je travaille sur des projets aussi différents que Robot dreams (Mon ami robot), Brendan et le secret de Kells, Les triplettes de Belleville ou autre. Je ne sais même pas à quoi ressemble mon style perso, finalement... Il n'y a pas longtemps, je regardais un reportage consacré à l'illustrateur américain Peter de Sève, qui disait qu'un auteur n'a pas besoin de réfléchir à son style, puisque généralement c'est votre style qui vous trouve. Je suis assez d'accord avec ce point de vue, car je crois que mon style s'adapte aux émotions qui sont dans chaque projet.

L'animé Robot dreams (Mon ami robot) connait un destin exceptionnel...

Ce film réalisé par Pablo Berger, pour lequel j'ai œuvré en tant que directeur de l'animation, connaît un succès international complètement énorme, que ce soit en termes de nombre d'entrées ou de réception en festival. Les Annie Awards – de très prestigieux prix pour l'animation – lui ont décerné la récompense pour le meilleur film indépendant. Robot dreams a également reçu deux Prix Goya (Espagne) pour le meilleur film d'animation et le meilleur scénario. Mais il a aussi été nominé aux Oscars, ce qui est le top du top du top du top ! Je me suis donc retrouvé à Los Angeles deux fois, une pour les Annie et l'autre pour les Oscars. J'étais dans la salle lors de la remise des prix, en direct avec toutes les stars, même si je les ai vues de loin. Beaucoup de stress et d'excitation, de décalage horaire, de fêtes et de climatisation dans l'avion ! C'est tout simplement... totalement exceptionnel. Malheureusement nous n'avons pas remporté le prix. Mais bon : en face il y avait Spider-Man : across the Spider-Verse et surtout Le garçon et le héron de Miyazaki, dont beaucoup s'accordent à dire qu'il s'agit de son chef-d'œuvre. C'est ce dernier qui a remporté l'Oscar. Miyazaki n'était pas là pour le recevoir. Mais peut-être était-il difficile, pour un japonais pacifiste, d'assister au plébiscite d'Oppenheimer ?

Tu as dû être la star de ton quartier, à ton retour à Bruxelles !

Même pas ! Il y a des gens qui ne me croient pas et qui pensent que je raconte des blagues !

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