Sentô, ou Tokyo loin des sentiers battus

Quel est le plus incroyable mystère que vous ayez vu à Tokyo ?

Nous sommes un jour tombés sur un endroit très bizarre, caché au cœur d'un labyrinthe de ruelles. Un petit coin délabré mais rempli de distributeurs automatiques ne proposant que des objets absurdes à des prix qui l'étaient tout autant. Il y avait par exemple des canettes de soda à cinquante euros pièce ou encore des boîtes mystères sur lesquelles étaient écrits des témoignages de vie. Personne ne sait qui alimente les distributeurs ni ce qu'il y a dans les boîtes. Nous avons préféré ne pas en acheter afin de laisser flotter le mystère !

On sait que beaucoup de personnages de Tokyo Mystery Café sont inspirés de rencontres que vous avez faites à Tokyo. Mais que mettez-vous de vous dans vos personnages ?

Nahel, l'aspirant-mangaka, est très nourri de notre ressenti lorsque nous sommes retournés au Japon pour la première fois après la crise du Covid. Nous avions l'impression, comme lui, de tout découvrir. Le scénario et le storyboard de la première aventure du Tokyo Mystery Café étaient déjà prêts lorsque nous avons fait ce voyage. Mais nous voulions les nourrir avec des lieux précis, par exemple un labyrinthe de ruelles couvertes avec des magasins d'électronique partout tels qu'on peut en rencontrer dans le quartier d'Akihabara. Dans les albums de la série, nous ferons d'ailleurs figurer un plan des secteurs de Tokyo explorés ainsi que des infos précises sur certains endroits.

L'Atelier Sentô est composé de deux personnes : Cécile et Olivier. Comment vous répartissez-vous le travail de création ?

C'est comme une partie de ping-pong. On commence par se partager des idées afin de trouver le sujet que nous avons envie de traiter. Quand on s'est mis d'accord, c'est plutôt Olivier qui écrit le scénario avant de laisser la main à Cécile pour le storyboard et le crayonné. Olivier attaque ensuite l'encrage puis Cécile les couleurs.

Ça a l'air super organisé !

Oui, mais en réalité les frontières sont plus perméables que ça ! Lorsque l'un ou l'autre ne se sent pas à l'aise sur telle ou telle séquence, on se donne des coups de main ! Pour Tokyo Mystery Café, nous avons pour la première fois travaillé sur tablette, ce qui nous semblait bien correspondre à l'ambiance urbaine de la série. Nous avons toutefois essayé de travailler comme à notre habitude, comme si nous avions une feuille de papier et de l'aquarelle devant nous. Pour cela, nous avons utilisé un pinceau numérique unique, de la taille d'un vrai pinceau, pour dessiner. Et lorsqu'il y avait des « accidents » avec l'aquarelle numérique, nous les laissions, car nous connaissons tous deux le potentiel d'élégance des tâches d'aquarelle sur un dessin !