Un jour dans la vie de Tony Laudec

Y a-t-il des désavantages, à ne travailler que sur tablette et ordinateur ?

Disons que je peux être d'un naturel distrait, et que parfois j'oublie d'enregistrer mon travail... Perdre ce qu'on a dessiné sur une matinée entière, c'est l'horreur ! Un peu comme quand, à l'époque, on renversait son flacon d'encre sur une planche ! Quand ce genre de désagrément arrive, je ne fais plus rien pendant des heures ou même la journée entière. Mais je n'abandonne jamais : je refais toujours les pages perdues, veillant à repartir de zéro plutôt que d'essayer de revenir au résultat originel. Une page perdue et la page que je redessine ensuite sont souvent très différentes l'une de l'autre. Parfois, même l'histoire change en cours de route !

Tu travailles toujours en histoires courtes ou en gags. À quand une longue histoire de 44 planches ?

Ça me dirait bien de réaliser une longue aventure de Cédric, mais je pense toujours à Roba qui voulait tellement le faire pour Boule et Bill, mais dont l'album "Boule et Bille Globe-trotters" avait un peu désarçonné le public. En plus, il faut bien avouer que les délais de rendu que me demande Spirou pour les gags de Cédric sont plus confortables que ceux que l'on me demanderait pour un récit complet à suivre !

Pour bien nourrir Cédric, observes-tu les enfants autour de toi ?

Des fois, en me baladant dans des jardins publics, je tombe sur des enfants en train de discuter entre eux. J'avoue que dans ces cas-là, j'essaye d'attraper quelques bribes de phrases, afin de ne pas me faire distancer par le langage des jeunes, qui évolue si vite. Je lis aussi beaucoup de magazines et regarde beaucoup d'informations à la télévision, afin de comprendre le mieux possible notre monde contemporain, qui est celui de Cédric. Tout peut nourrir Cédric. C'est par exemple en regardant un reportage pas drôle, sur les drones en Ukraine, que je me suis posé la question de savoir comment je pourrais intégrer des drones dans la série !