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Cavaliers de l’apocadispe : comment Libon fait-il pour créer ses histoires délirantes ?
Publié le 14/05/2025


Mais quel est donc le secret de Libon pour donner aux aventures des Cavaliers de l’apocadispe cet inimitable côté « petit théâtre décalé » ? Tout se prépare dès le story-board ! Quand il y en a un…
Si j’arrive à retenir dans ma tête tout le scénario d’une aventure des Cavaliers, alors je ne fais pas de story-board. Mais pour La cabane, qui fait 30 pages, c’était compliqué de tout faire rentrer ! J’ai donc fait un petit plan écrit avec des descriptions très généralistes, qui résument chaque page, avant de décrire plus précisément l’action.
Quand mon histoire est à peu près résumée en petites phrases, je passe sur papier. C’est un « banc d’essai » qui me permet de vérifier que les trucs que je trouvais marrants en les écrivant le sont toujours une fois en dessin.

Sur ce strip, j’ai d’abord songé à faire arriver le directeur de loin dès la case 1. Mais j’ai trouvé plus drôle de le faire entrer brusquement. Il arrive, il gueule sur un élève, il sort, il re-arrive, il re-gueule, il ressort, c’est super chaotique ! On dirait un dessin animé, où le comique naît souvent du mouvement.
Des annotations comme « Le directeur passe de mauvaise humeur » peuvent sembler inutiles. On le voit bien, qu’il passe et qu’il est de mauvaise humeur ! Mais sur d’autres dessins, moins explicites, j’oublie parfois quel sentiment ou quelle action j’avais voulu faire passer à l’étape du story-board. Alors je me mets des pense-bêtes ! La mention « Ça continue », c’est parce que j’avais la flemme de dessiner plein de bonshommes pour rien. Mais c’est aussi parce que j’aime bien me laisser des espaces vides qui me permettent, à l’encrage, de laisser parler mon inspiration.
Au départ, le directeur engueulait un élève différent par case. J’ai trouvé plus efficace de rester sur le même élève en cases 2 et 3, avec deux expressions différentes ! Ah, et vous avez vu : dans mon story-board, je dessine des cases, donc mes personnages ne débordent pas comme sur mes planches finales.
Je réalise mes story-boards sur des bêtes feuilles de papier A4 que je plie en deux afin de faire un petit carnet de 4 pages. C’est plus économique et écologique ! Une fois que je n’ai plus besoin de mes story-boards, je m’en sers comme brouillon ou alors mon fils en fait des avions !

Le directeur de mon story-board, dessiné en trois secondes, a l’air plus énervé que celui de ma page définitive, qui a demandé beaucoup plus de temps ! Conserver le plus possible les intentions et l’énergie de base, c’est une sacrée grosse bagarre que je me livre à moi-même à chaque case !
Après le story-board, je ne dessine pas forcément les pages dans l’ordre. Je sais qu’il y a des pages qui vont être routinières, motivantes ou alors compliquées, donc je m’adapte selon l’humeur et le courage du jour ! Il y a également les pages de story-board où je découvre qu’il y a un problème de narration ou de dessin que je n’avais pas repéré !
Je ne mets presque pas de dialogues sur mon story-board, parce que je sais en gros ce que les personnages vont dire. Imaginez : vous êtes allé à la poste et vous avez assisté à une embrouille entre deux personnes. Quand vous allez raconter la scène, vous ne répéterez pas les dialogues au mot près. Vous allez faire des raccourcis, faire des mimiques. Les mots exacts n’ont pas d’importance tant qu’on a l’idée générale.

J’aime les dialogues courts. Pour moi, une grande bulle, c’est un échec, comme quand on est obligé d’expliquer une blague. Afin que mes dialogues soient les plus serrés possibles, je fais attention à ce que les expressions de mes personnages soient parlantes.
J’aimerais que l’on puisse comprendre mes histoires sans les bulles. À l’époque où je réalisais ma série Jacques le petit lézard géant, je faisais les bulles et les cases sur des fichier séparés, car mes planches paraissaient dans des versions de Spirou en français et en flamand. C’était un super exercice !
Je dessine mes story-boards avec un criterium afin de pouvoir gommer. Mais, en vrai, je ne le fais jamais, parce que ça ne gomme jamais assez bien. Je préfère rayer et redessiner à côté. Je fais pareil sur mes planches à l’étape du dessin. Si un personnage ne me plaît pas, je le redessine à côté, avant de l’enlever plus tard sur Photoshop.

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