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Découvrez les secrets de dessin de José Luis Munuera
Publié le 28/05/2025


On ne sait jamais où Munuera va nous emmener, mais on sait qu’on ne sera jamais déçu… À l’occasion de la publication d’une magnifique histoire courte dans SPIROU (n°4547 du 4 juin) faite de poils et de compagnons à quatre pattes, l’auteur de Cœurs de ferraille nous révèle cette fois ses secrets de dessinateur animalier !
Cette histoire est inspirée de Son odeur après la pluie, un roman de Cédric Sapin-Dufour que je viens d’adapter en BD pour les éditions du Lombard. J’ai d’abord réalisé mes dessins sur tablette graphique avant de les imprimer. Là, je les ai retravaillés au crayon et à l’aquarelle gris, afin de casser le côté froid du trait numérique. Comme j’imprime sur du papier « de base », l’aquarelle, très liquide, faisait souvent des trous ! J’ai ensuite scanné mes pages vers Photoshop, où j’ai amélioré les contrastes et la profondeur de champ. Puis, j’ai tout confié à Sedyas, mon merveilleux coloriste !
J’ai une tendance naturelle à la caricature. Mais, ici, je voulais que le chien Ubac ait la même crédibilité que les humains autour de lui. Je suis donc allé dans des élevages de bouviers bernois, où j’ai pris des photos et fait des dessins très instinctifs, afin de saisir les mouvements des animaux. Des amis libraires et auteurs, qui ont des bouviers bernois, m’ont même envoyé des vidéos !

Dans Les 101 dalmatiens, il y a une séquence où on voit des chiens qui ressemblent à leurs maîtres. J’ai fait la même chose ici, mais à ma façon. Les muscles de Rambo, qui ont la même courbe que le ventre de son maître, montrent que ce dernier compense ses faiblesses avec les forces de son chien. Pour ce qui est de Cédric et Ubac, j’ai fait en sorte qu’ils dégagent la même émotion, même s’ils ne se ressemblent pas.
C’était un vrai défi, de faire vieillir un chien ! Ma solution : jouer sur les proportions. Petit, Ubac a une grosse tête et un petit corps, comme les nouveau-nés humains. Adulte, il a un corps plus massif.
Pour bien faire bouger un animal, il faut mélanger le côté « cartoon », qui triche avec la réalité mais donne de l’énergie, et le côté photographique, qui fait l’inverse ! J’ai fait très attention aux mouvements de pattes arrière, qui sont très particuliers chez les quadrupèdes. C’est ce qui à mon avis donne de la crédibilité au dessin animalier !

Je me documente beaucoup pour dessiner. Mais je laisse également parler l’instinct. En clair : il y a le dessin que je sens, et celui que je ne sens pas. Pour Ubac, je savais que je serais obligé de tricher avec certaines proportions, certains mouvements, si je voulais rendre ce chien crédible. J’ai fait des tas d’essais, avant de m’arrêter sur celui qui me semblait le plus efficace et réaliste à la fois. J’ai en particulier énormément travaillé les yeux, qui devaient véhiculer des émotions mais sans pour autant paraître humains.
Cédric Sapin-Dufour a fait passer énormément de poésie dans son roman, surtout à travers ses descriptions de la nature. Mais, comme celles-ci étaient évidemment trop longues pour que je les reproduise dans mes planches, il a fallu que je les « résume » en dessin. C’est pourquoi j’ai donné un côté très féerique à la nature, avec un gros travail d’aquarelle, là où les personnages sont travaillés de manière différente.

Le roman de Cédric Sapin-Dufour se déroule en Haute-Savoie, alors que moi j’habite à Grenade en Espagne… Mais, comme il y a des stations de ski à 30 km de là où j’habite, j’y suis allé pour faire de longues promenades à différentes périodes de l’année. Pour le reste, j’ai cherché sur Internet des photos des montagnes et des plantes de Haute-Savoie. J’ai aussi visionné des vidéos de randonneurs filmant leurs périples avec leur GoPro !
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