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Les secrets du Spirou Classique « Trésor de San Inferno »
Publié le 23/07/2025

Fabrice Tarrin et Lewis Trondheim nous livrent les secrets de leur nouveau Spirou et Classique !
San Inferno : ses plages de sable infinies… qui sont en réalité un désert !
Lewis Trondheim : Fabrice Tarrin m’avait expliqué qu’il ne ferait plus de Spirou après « Spirou chez les Soviets ». Trop dur, trop long… Sauf, avait-il ajouté en rigolant, si ça se passe dans le désert ! Je lui ai immédiatement dit que j’avais une idée. En vrai, je n’en avais pas, mais je comptais sur les 4 secondes précédant sa réponse dubitative pour en trouver une. Et je l’ai trouvée.
Fabrice Tarrin : Dessiner un désert a finalement été aussi compliqué que dessiner des goulags ! Le village de San Inferno, où Fantasio part réaliser un mystérieux reportage censé lui apporter la gloire, est composé de grottes troglodytes. Et moi, ce n’est pas mon fort, de dessiner des rochers ! Je me suis donc inspiré de ceux de Moebius ainsi que de photos du Mexique. Le tout avec un dessin évoquant celui de Franquin sur une période entre « La corne de rhinocéros » et « Le prisonnier du Bouddha ».

Des compatriotes sympas ! (À part Seccotine, qui veut piquer son reportage à Fantasio !)
Lewis Trondheim : J’aime bien quand il y a de l’humour dans les histoires. Comme c’est un peu compliqué de faire rire avec Spirou, j’ai donc utilisé Fantasio à la manière d’un capitaine Haddock. Quant à Seccotine, je lui ai donné un beau rôle pour faire plaisir à Fabrice, qui avait envie de la dessiner.
Fabrice Tarrin : C’est rigolo, d’animer Fantasio avec toutes ses aspérités. Mais, au bout d’un moment, j’ai poussé Lewis à remettre Spirou en avant. Il ne pouvait pas être un personnage secondaire ! Pour ce qui est de Seccotine, j’ai effectivement adoré la dessiner. Mais, au départ, je ne savais pas comment l’appréhender, car Franquin, qui la dessinait comme un garçon manqué filiforme, l’avait fait évoluer vers une sorte de Mademoiselle Jeanne à tête en forme d’ampoule !

Une faune exotique, avec le Marsu ! (Mais aussi des oiseaux énervants…)
Fabrice Tarrin : Le Marsupilami de « San Inferno » galope à quatre pattes comme un animal sauvage ! Pour le représenter, je me suis inspiré des recherches que Conrad avait faites pour un dessin animé jamais réalisé. Mais quelle pression… Dans Le faiseur d’or, premier Spirou de Fournier, Franquin avait tout de même dessiné le Marsu tant il craignait de le voir dénaturé !
Lewis Trondheim : Il y a toujours eu un bestiaire inventif dans la BD belge. Donc pourquoi priver San Inferno de petits oiseaux surréalistes qui répètent tout ce qu’on leur dit ? La seule limite : qu’ils ne volent pas la vedette au Marsupilami.
Fabrice Tarrin : Ces oiseaux s’appelaient au départ « volubilis ». Mais mon fils m’a rappelé que c’était le nom d’une plante invasive que l’on a dans le jardin… Nous les avons donc rebaptisés « volubilos ».

Des habitants accueillants ! (À part Rodrigo, qui veut ruiner le reportage de Fantasio)
Lewis Trondheim : Rodrigo n’aime pas le changement, il n’aime pas les étrangers. Ça vous rappelle des gens que je n’ai pas eu besoin de créer ?
Lewis Trondheim : Grâce à « San Inferno », Fabrice a battu son record, avec un album fini en un an et demi ! Ça valait le coup de mettre Spirou dans le désert, non ?
Fabrice Tarrin : Pour moi aussi, cet album a été synonyme de changement, car j’ai reçu le scénario de Lewis page après page, sans savoir où ça allait, alors que d’habitude je suis très control freak ! Ça m’a rappelé le délicieux suspense que je ressentais, enfant, en découvrant chaque semaine une planche ou deux des nouvelles aventures de Spirou !

Des auteurs au taquet, qui ont déjà réalisé des Spirou mais qui ont décidé de remettre ça !
Lewis Trondheim : J’aime jouer avec les personnages classiques de la BD franco-belge, et même américaine, parce que ce sont des héros qui m’ont fait grandir. J’essaye donc de leur rendre ce qu’ils m’ont apporté.
Fabrice Tarrin : J’étais épuisé après « Le tombeau des Champignac », mon premier Spirou, qui m’avait pris une énergie folle ! J’ai donc longtemps résisté avant de réaliser « Spirou chez les Soviets » puis « San Inferno ». Mais je finis toujours par accepter tant je suis fasciné par Franquin et ses personnages. Mettre en scène Spirou et le Marsupilami, c’était fabuleux pour moi. J’ai l’impression de poursuivre ce que je lisais, enfant. Je vais d’ailleurs réaliser un nouveau Spirou, qui sera la suite des « Soviets » ! Je le dessinerai en collaboration avec Cédric Ghorbani (Annabelle, pirate rebelle), pour qui je ferai les crayonnés.
Des couleurs dépaysantes !
Fabrice Tarrin : Je pensais que les couleurs de « San Inferno », en clair-obscur, seraient simples à gérer grâce à l’utilisation d’aplats de couleurs. Sauf qu’éclairer une grotte à la lumière naturelle sans utiliser de dégradés, c’est très compliqué ! Pour y parvenir, je me suis inspiré des colorisations de Lucky Luke. Morris était très audacieux ! Il était dans le ressenti, dans l’onirique, plus que dans la logique ou le réalisme. Mais, même ainsi, j’ai dû procéder à quelques ajustements de dessin pour que la lumière fonctionne. Il a fallu enlever des décors, rajouter des ombres… Faire du simple, c’est très technique !
Spirou et Fantasio Classique, tome 2, « Le trésor de San Inferno » – disponible en librairie le
26 septembre 2025.
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