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Les Tuniques Bleues, tome 69 : Blutch condamné à mort ?
Publié le 18/06/2025

Quoi, une désertion ? Encore ?! Oui, mais cette fois Blutch a été condamné à mort et s’apprête à participer à l’assassinat du président Lincoln ! Mais comment en est-on arrivé là ? Fred Neidhardt, scénariste de « Lincoln dans la ligne de mire », le nouveau Tuniques Bleues prépublié dans le journal Spirou, vous explique pourquoi.

Nom et grade : BLUTCH, caporal
Accusé de : désertion, intelligence avec l’ennemi sudiste et projet d’assassinat du président Lincoln
Condamné à : mort par peloton d’exécution
Dernier recours possible : sergent Cornélius Chesterfield
Pourquoi a-t-on condamné Blutch à mort ?
Parce que ce récidiviste indécrottable a déserté une fois de trop. Sans divulgâcher l’intrigue de « Lincoln dans la ligne de mire », je peux vous dire que Blutch va échapper au peloton d’exécution. Mais ça sera pour se retrouver dans une situation inextricable, plaçant le président Lincoln dans la ligne de mire d’un complot sudiste visant à l’assassiner…
Blutch, notre gentil pacifiste, va intégrer une bande de criminels sudistes ! Tout ça à cause d’une certaine Isabella Boyd…
Isabella Boyd, « Belle » pour les intimes, a vraiment existé. C’était une espionne sudiste, dont les charmes ne laisseront pas Blutch insensible… Je trouvais intéressant d’explorer les émotions de Blutch qu’on connaît moins que celles de cet amoureux transi qu’est Chesterfield. Sous sa carapace de cynique désabusé, Blutch abrite un petit cœur sensible.

Chercher de nouveaux points d’ancrage historiques pour Les Tuniques Bleues est-il compliqué au bout de tant d’albums ?
C’est très amusant et excitant d’aller chercher de nouveaux angles d’attaque, des anecdotes restées inédites dans le champ de bataille de la guerre de Sécession déjà labouré maintes et maintes fois par Cauvin. Je ne suis pas à court, j’ai encore plein d’idées dans ma cartouchière !
Blutch a déjà beaucoup déserté tout au long de la série ! Ça t’amusait de moderniser ce concept ?
Je joue avec la caractérisation des personnages, de la même manière que, quand j’étais gamin, je jouais avec mes figurines. Goldorak, mon robot en plastique, sauvait la Terre (et ma chambre) de l’invasion des monstronounours à grands coups de fulguropoing et cornofulgure.
Cauvin a beaucoup critiqué le ridicule de la guerre. Toi, tu critiques la peine de mort !
Cauvin était un maître de l’humour noir, il a su dédramatiser la notion de mort, notamment dans Les Tuniques Bleues, Les femmes en blanc, et bien sûr dans Pierre Tombal. À mon petit niveau, je m’efforce de marcher dans ses pas.

Travailler avec une légende comme Lambil, c’est comment ?
Travailler avec Lambil, c’est un rêve de gosse pour moi qui suis fan de son travail depuis toujours. Et c’est une belle aventure humaine. Il a l’âge de mon papa, ancien lecteur de SPIROU, qui m’avait abonné au journal quand j’avais 8 ans. C’est un plaisir d’échanger avec lui, il y a un côté transgénérationnel qui est l’âme du journal Spirou. Un journal dont je garde précieusement tous les numéros, depuis le premier de 1938. Je me régale à lui proposer notamment des scènes de nuit, pour lesquelles il excelle. Tout le monde connaît bien sûr les Tuniques Bleues en couleurs (sinon elles seraient blanches), mais les planches originales de Lambil sont très belles, il maîtrise l’équilibre des noirs et des blancs avec une science héritée des grands maîtres américains et de Jijé.
Au fait : tu es plutôt Blutch ou Chesterfield dans la vie ?
Je me reconnais particulièrement dans les qualités de Blutch : la mauvaise foi, la lâcheté, l’esprit de contradiction, la paresse, j’en oublie et des pires !
Mais tu as quand même de la tendresse pour Chesterfield visiblement…
Même si j’ai un faible pour Blutch, je reconnais que Chesterfield a une naïveté et un premier degré franc et massif, qui le rendent très attachant. Les deux personnages sont mes compagnons imaginaires depuis ma plus tendre enfance. Les deux comparses se complètent parfaitement !
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