Mi-Mouche : deuxième round, nouveaux combats

Hello, Véro ! Tu nous résumes l’intrigue de Mi-Mouche ?

Véro Cazot : Colette, 14 ans, avait pour modèle sa sœur jumelle, disparue dans un accident de voiture. Depuis, pour lui ressembler et faire plaisir à sa mère, elle fait de la danse alors qu’elle est attirée par la boxe ! Mais l’ombre de Colette, avec laquelle elle parle, l’a assez bousculée pour qu’elle ose maintenant affirmer ses choix… Aujourd’hui, toutes deux ont donc un but commun : boxer, même si la mère de Colette le lui a interdit.

Enfant, j’étais très secrète, comme Colette. J’écrivais dans mon journal intime toute ma colère face à ce qu’on m’empêchait de faire. Mes parents ne s’en rendaient pas compte, car il y avait une grosse différence entre qui j’étais dans ma tête et ce que je laissais transparaître à la maison. Mon rêve d’enfant, c’était d’être grande et indépendante. Je me rends soudain compte que Colette est une version symbolique de cette aspiration !

La maman de Colette est très rigide, très directive…

Véro Cazot : C’est parce qu’elle a peur de perdre à nouveau un enfant… Mi-Mouche me sert à explorer la thématique du deuil à travers tous les prismes, pas seulement celui de Colette. Ma peur numéro 1, quand j’écris, c’est d’ennuyer les lecteurs ! Je tente donc de ne jamais rester en surface des thématiques que je choisis.

Dans ce nouveau Mi-Mouche, pour protéger Colette, sa maman va même essayer de l’empêcher d’aller au collège ! Heureusement, cette dernière va se trouver un nouvel allié : son père. Parce qu’il ne voulait faire souffrir ni Colette ni sa mère, il se montrait jusqu’ici d’une lâcheté bienveillante… Mais, cette fois, il va agir !

Carole Maurel : J’adore dessiner le nouveau Mi-Mouche, car les relations entre les personnages ont beaucoup évolué depuis le tome 1 ! Colette va par exemple développer une relation un peu toxique avec Astrid. Quelque chose de plus complexe que du harcèlement scolaire… Je n’avais pas vu venir cet incroyable rebondissement !

Véro Cazot : J‘avais un problème scénaristique à résoudre dans ce nouveau Mi-Mouche : comment faire boxer Colette alors que sa maman le lui a interdit ? Je l’ai résolu en approfondissant la thématique du harcèlement abordée dans le tome 1. Astrid va ici obliger Colette à se battre pour de surprenantes raisons… J’ai besoin de sept mois pour écrire un Mi-Mouche. Ça peut sembler long, mais c’est ce temps qui fait naître des interactions imprévues entre les personnages !

Les combats de boxe sont particulièrement rythmés dans ce nouveau Mi-Mouche !

Carole Maurel : J’ai dessiné les bagarres dans un style plus « punchy », oui. Avec des couleurs plus fluos, plus saturées, et des cadrages très « shōnen » !

Véro Cazot : Écrire des scènes de combat, c’est hyper compliqué pour moi qui n’ai jamais fait de boxe ! Il n’y a pas tant de place que ça dans une page de BD. Et pourtant, il faut y faire rentrer du rythme et des enchaînements de coups cohérents, tout en veillant à ce que les lectrices et lecteurs ne s’ennuient pas. Contrainte supplémentaire : dans Mi-Mouche, les coups reçus et donnés sont plus que cela, puisqu’ils résument des enjeux émotionnels précis. Pour m’aider, je regarde sur Internet des entraînements de boxeurs et boxeuses adolescents.

Comment a été accueilli le premier tome des aventures de Mi-Mouche ?

Véro Cazot : C’était très touchant, car beaucoup de lectrices et lecteurs s’identifient à Colette. J’ai par exemple rencontré un garçon, lui aussi très petit pour son âge, qui est une vraie Colette au masculin et qui a donc développé un rapport très fort avec elle !

Carole Maurel : Lors d’une dédicace au Festival Spirou, Véro et moi avons même rencontré un boxeur. Comme j’ai pratiqué la boxe française, on a beaucoup discuté technique ! Mi-Mouche est mon premier pas dans la BD « d’action » ! Je suis plus habituée à travailler l’interaction des personnages à travers les regards, les cadrages… Je me suis donc beaucoup documentée pour les scènes de boxe, même si je connais les sentiments que provoque le combat. Je sais à quel point il faut être concentré sur le regard de l’autre, sur ses appuis, sans quoi on se prend un pain ! Pour me documenter, j’ai regardé à la fois des vidéos de professionnels et d’amateurs, afin de faire évoluer Colette au gré de ses progrès. Dans ses nouvelles aventures, elle va bouger différemment, de manière plus assurée !

Comment est graphiquement née Colette ?

Carole Maurel : Tout est parti d’un dessin que j’avais posté sur Instagram, où une petite fille faisait de la boxe. C’est en voyant ce dessin que Véro m’a proposé Mi-Mouche. Elle m’a laissé beaucoup de liberté pour la création des autres protagonistes de la série. Je ne me doutais pas que certains d’entre eux auraient une telle gamme d’émotions à jouer. Heureusement, quand je crée certains personnages, je pars d’un physique un peu neutre. C’est comme une pâte à modeler à partir de laquelle je sais que je vais pouvoir faire ce que je veux ! Pour le tome 2 de Mi-Mouche, nous avons toutefois plus discuté qu’auparavant avec Véro. Car il y avait de nouveaux personnages pour lesquels elle avait des attentes particulières, par exemple, la petite sœur d’Astrid !

Le Tome 2 de Mi-Mouche sera disponible en librairie dès janvier 2026.