Poltron Minet VS une étrange société pharmaceutique

Une grande partie des nouvelles aventures de Poltron Minet se passe dans l’étrange laboratoire dont il est prisonnier. Au niveau des décors, c’est plus tranquille que la forêt… Tu avais besoin de repos ?

Madd : Les difficultés de dessin ne sont pas toujours là où on l’imagine ! À la fin du tome 1, Poltron était dans une fourrière, enfermé derrière des barreaux. Ça peut sembler simple à dessiner, des barreaux, mais ce fut une torture pour moi ! Comme je suis perfectionniste, je voulais que l’ombre portée de chacun d’eux au moment de la journée soit exacte par rapport à la position du soleil ! Je pense que le lecteur, lui, s’en fout, mais pour moi c’était important ! Quand j’ai vu que, dans ses nouvelles aventures, Poltron allait être enfermé dans un laboratoire, j’ai pensé que le cauchemar des barreaux allait recommencer ! Cédric m’a rassuré en me disant que le laboratoire n’aurait pas de barreaux mais des cages en verre…

On imagine que tout le travail s’est reporté sur la couleur du coup…

Madd : La couleur a eu beaucoup d’importance pour ces scènes de laboratoire, oui. Je voulais une teinte qui évoque le verre et les ambiances pharmaceutiques. Quelque chose de froid, de médical. Je me suis rappelé que, dans le tome 1, il y avait une scène d’euthanasie à la fourrière où j’avais utilisé un bleu-vert dont j’étais satisfait. J’ai réutilisé cette base pour travailler la matière de la cage de Poltron Minet.

Les humains sont très présents dans ces nouvelles aventures. Un défi graphique particulier à gérer ?

Madd : Oui et non. Faire plusieurs animaux d’une même espèce, ce n’est pas très compliqué à dessiner. Pour plusieurs renards, on prend à peu près la même ossature, mais en ajoutant des petits détails pour les différencier, faire deviner leurs caractères respectifs. Le problème, pour les humains, c’est qu’il y a une gamme de paramètres possibles plus large : jeune/vieux, femme/homme, Noir/Blanc… Dessiner des humains n’est pas plus complexe que dessiner des animaux, mais c’est plus compliqué pour la recherche.

T’inspires-tu parfois d’humains existant ?

Madd : Ça peut arriver, oui. Pour des personnages négatifs, j’ai parfois utilisé des gens réels que je n’aimais pas ! Dans les nouvelles aventures de Poltron Minet, on va croiser des chasseurs. J’ai cherché des images sur Internet afin de ne pas être caricatural. Mais je crois que je n’y suis pas arrivé !

Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?

Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu’on puisse penser qu’on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.

Madd : Enfant, j’étais fan de Mafalda : ça a été ma porte d’entrée vers des réflexions économiques ou écologiques. Et puis, en dédicace, je dis toujours à nos lecteurs que, s’ils n’aiment pas le livre qu’ils ont entre les mains, il leur suffit de le refermer. Quitte à y retourner un peu plus tard !

Poltron Minet, Tome 2 par Madd et Mayen – Disponible en librairie.

En savoir plus sur cette série